Bruxelles, 26 avril 2019
Germain a été condamné pour son travail en faveur des droits humains. Mais, en plus d'être un défenseur, Germain est aussi un citoyen burundais, un mari, un père de trois enfants. Afin de mieux connaître Germain, nous avons demandé à sa famille et à ses amis de nous parler de lui, de sa vie et de son engagement en faveur des droits humains. Voici ce qu'ils nous ont dit :
“ Quand nous pensons à Germain, nous voyons quelqu’un qui aime les autres et aime les aider. Sa vocation forte pour combattre les injustices sociales a imprégné toute sa vie, notamment avec la création de l’association communautaire Njabutsa Tujane, qui lutte contre la pauvreté, la famine et pour améliorer l’accès à la santé.
Germain a une grande force intérieure qui lui a permis de toujours poursuivre son engagement en faveur de la justice sociale, malgré le contexte politique instable et la répression. Pour lui, la solidarité et l’attachement aux droits humains sont plus forts que tout le reste. Nous sommes convaincus que son sens de l’humour inné est aussi une des sources d’énergie de sa lutte.
Germain n’est pas un criminel. On l’a arrêté parce qu’il luttait pour la défense des droits humains et qu’il aidait les plus vulnérables, tous ces principes qui n’intéressent pas le gouvernement burundais. Son procès est tout à fait politique, et si Germain est finalement libéré, un message pourra ainsi être envoyé à tous/toutes les défenseur·e·s: nous reconnaissons la légitimité et la valeur de votre engagement.
En prison, le plus dur pour lui est d’avoir subi une opération chirurgicale à la cheville l’été dernier, après un accident. Il a été renvoyé en prison juste après l’opération, sans aucun suivi médical. Les terribles conditions d’hygiène, sa mobilité réduite et le besoin d’être assisté en continu ont été des étapes très éprouvantes pour lui. Il a maintenant partiellement récupéré sa mobilité, mais il a toujours une prothèse métallique dans la cheville qui demande un suivi et un traitement médical appropriés car cela pourrait provoquer des effets handicapants sur sa santé à long terme.
Toute la famille sent depuis son arrestation un énorme vide. L’impact psychologique frappe très fort. Les trois enfants de Germain ont été condamnés à grandir loin de leur père, sans pouvoir même le voir. Nous craignons que cette situation extrêmement violente leur laisse des séquelles qui perdureront toute au long de leur vie.
La place de Germain n’est pas en prison. Il doit être libéré, près de sa famille et de ses amis. La légitimité de son travail en faveur de la justice sociale et des droits humains doit aussi être reconnue. Nous sommes convaincus qu’une fois libre, il poursuivra sans relâche ses efforts et sa lutte pour les droits humains et pour un Burundi meilleur. "
Le cas de Germain se poursuit dans un climat d'incertitude considérable. Le 26 novembre 2018, son audience en appel a eu lieu et, bien qu'aucune décision n'ait été rendue après la période d'attente de 30 jours, il a finalement été rendu public il y a près d'un mois que son dossier judiciaire avait été perdu. Alors que ceci met une nouvelle fois en évidence des violations flagrantes de la procédure judiciaire, Germain reste pour le moment détenu illégalement et aucun développement n'est prévu quant à l'avenir de son cas.
Protection International maintient les recommandations suivantes :
Aux autorités burundaises :
A la communauté internationale :